Il n’y a pas de WIFI dans la forêt mais vous y trouverez une meilleure connexion.
Qu’est-ce qu’entendre son Appel ?
... et accomplir sa mission de vie.
Chaque enfant naît avec une spécificité à lui. Avec des dons uniques à offrir au monde, que la nature lui a donnés [1]. Dès ses premières années, il se construit avec des blessures plus ou moins importantes. Souvent, une blessure fondamentale devient structurante pour lui et il va vouloir pour le monde ce qu’il n’a pas pu avoir pour lui [2]. Ce ferment constituera plus tard son socle de valeurs irréductibles.
Or justement, notre mission de vie, ce sont nos dons au service de nos valeurs [3].
Entendre l'Appel intérieur
Dans le processus de coaching créé par Joseph Campbell, « Le Voyage du Héros », les participants effectuent un voyage intérieur à la rencontre de ce qui s’appelle leur « Appel intérieur ». Il s’agit ni plus ni moins de cet élan pour lequel ils sont venus au monde, et qu’une force irrésistible les pousse à accomplir pour s’accomplir. Tant qu’ils ne sont pas alignés avec cet Appel, ils ne peuvent trouver la paix.
(Re)connaître sa mission de vie
Ce processus aide les participants à reprendre contact avec leur Appel, mais aussi avec les peurs qui les bloquent pour mettre cet Appel en œuvre. Car oui, se mettre au service de sa Mission de vie, c’est effrayant. De nombreux blocages peuvent se mettre en travers.
Comme disait Marianne Williamson:
Notre peur la plus profonde n'est pas que nous ne soyons pas à la hauteur, notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au-delà de toutes limites. C'est notre propre lumière et non notre obscurité qui nous effraie le plus.
S'accomplir
Alors le voyage du Héros aide aussi à rencontrer les forces, les alliés, les guides qui vont permettre d’oser franchir le pas, d’aller vers son Appel et par là-même, vers sa lumière. En toute sécurité cette fois-ci.
C'est un processus théorisé, formalisé et pratiqué sous de nombreuses variantes différentes. Au-delà de cette « école », nombreux sont ceux qui ont vécu à leur manière leur propre voyage du Héros en pleine nature, et qui en sont revenus à jamais différents. Une part d’eux a été laissée « là-bas », morte, et leur être le plus profond a pu refaire surface. Parfois, aller dans la nature peut donc revêtir une dimension initiatique. Et point n’est besoin d’aller faire une quête de vision dans la "Wilderness" pendant 3 semaines, il peut arriver de vivre une transformation puissante auprès d’un vieux chêne de vos amis.
Rétrospective historique de l’éveil des grands sages
Entendre son Appel peut revêtir autant de formes que d’individus. Certains vont comprendre quel doit être leur nouveau chemin professionnel, d’autres qu’ils sont faits pour être de magnifiques grands-pères… D’autres vont recevoir une illumination de nature spirituelle sur le sens de leur vie, voire de La Vie. Enfin, d’autres encore vont peut-être avoir une intuition qui pourrait changer la face du Monde si elle était ensuite vérifiée.
La plupart des grandes illuminations que l’Histoire a retenues ont eu lieu en interaction avec la nature. Et souvent, soit le règne minéral (désert, montagne), soit le règne végétal.
Cette liste n’est qu’un bref concentré d’exemples parmi des millions d’autres, sans doute. Ce qu’il faut retenir, c’est que l’immersion dans la nature aide fortement à se reconnecter à l’essentiel, et donc à son Appel.
Voyons pourquoi, maintenant.
Appartenir à la grande toile du vivant et dissoudre l’égo
En forêt, et plus généralement dans la nature, nous interagissons à chaque instant avec l’ensemble de la grande toile du vivant.
En ville aussi, bien sûr, mais nous pouvons prendre plus facilement conscience de nos liens avec le reste du vivant quand nous sommes entourés de ce vivant : l’oxygène que nous respirons, le sol que nous foulons, les fruits que nous goûtons, les arbres majestueux que nous contemplons et qui nous émerveillent, les sons que nous entendons.
La forêt nous ramène à nos sensations corporelles, à nos sens, à notre corps et nos émotions. Elle nous débranche des boucles incessantes du mental. Elle aide à dissoudre l’égo en nous renvoyant le miroir de notre insignifiance et en même temps de notre importance. Mais pas notre importance pour ce que nous paraissons, à nos yeux et aux yeux des autres. Non. Notre importance en tant qu’être unique, qui a toutes ses couleurs à apporter au Monde, ni plus ni moins qu’un autre être. La forêt nous attend pour qui nous sommes. Elle ne nous demande pas d’être quelqu’un d’autre.
De toute façon, comme disait Oscar Wilde,
Soyez vous-mêmes, pour quelqu’un d’autre, la place est déjà prise.
En forêt, notre être tout entier s’apaise et ne ressent plus autant le besoin de mettre des masques, d’être comme nous pensons que les autres voudraient que nous soyons. Juste la beauté de la connexion, de l’authenticité, de ce qui est là, au présent. Les masques tombent, notre être peut advenir en toute sécurité et en toute liberté.
Notre Appel est contenu dans notre être profond. Notre essence. Ce que les psychologues appellent le self. La forêt nous aide à nous débarrasser de notre persona, de nos masques, et à revenir au self. En cela, elle nous aide à nous rapprocher de ce qui nous anime nous, au fond de nous, donc de notre Appel. Nous ne sommes plus au contact de ce qu’il faudrait faire pour ne pas être rejeté, pour ne pas être jugé, pour être aimé. Nous sommes au contact de ce qui compte vraiment pour nous, au-delà de tout, au-delà de la raison, du raisonnable, et au-delà des peurs.
Les peurs sont dans l’égo. Dans les masques. Dans ces parts protectrices de nous qui nous éloignent de notre essence. Parce qu’à un moment, c’était une question de survie de ne pas la montrer, nous avons adopté cette stratégie de dupe pour mieux duper notre entourage, et encore plus nous-mêmes.
Rencontrer d’autres êtres vivants, c’est se confronter à la séparation, mais c’est aussi faire l’expérience de la relation. Parfois même de la reliance au-delà de l'apparente altérité. Par exemple, les arbres et nous partageons un quart de nos gènes ! Ce constat permet de toucher -ne serait-ce qu’un peu- l’illusion de la séparation. Voyez l’incroyable densité des interconnexions entre les êtres dans une forêt. Notre self est étendu au-delà de ce que nous voyons habituellement comme notre être, et se ramifie avec l’ensemble des autres êtres autour de nous.
Isabelle Padovani propose un exercice tout simple :
« Regardez une fleur. Respirez. Et demandez-vous quelle est la distance entre votre regard et cette fleur ? » pour sentir que « je suis le Monde et le Monde est en moi ».
Se sentir ainsi relié, même à des êtres aussi différents de nous que peuvent l’être des arbres ou des tiques, c’est se sentir lié à la grande toile du vivant, et c’est expérimenter une extension du self. « Je suis plus grand que ce que je croyais, et je ne suis pas seul ». Cela aide aussi à faire fondre les peurs, l’égo, et les protections. Il devient plus facile d’accéder au cœur, et à l’Appel qui s’y trouve.
La reconnexion à l’essentiel : en forêt, « ça capte » !
En forêt, nous ne sommes plus sollicités en permanence par le futile ou l’hostile - à commencer par les écrans, les informations et les sons de la ville. Un espace spécifique s’ouvre avec de la sécurité, de l’apaisement, du ressourcement.
Nous pouvons progressivement prendre conscience de nos besoins les plus importants. Et parmi ces besoins, le besoin de sens est primordial.
Qu’est-ce qui nous apporte du sens ?
C’est lorsque nos valeurs sont nourries. Les valeurs : ce qui a un prix pour nous. C’est dans des conditions de confort souvent réduites par rapport à nos conditions de vies sans mesure de notre civilisation thermo-industrielle que nous nous souvenons de ce qui compte vraiment. Ecrans éteints, auprès d’une rivière qui glougloute ou autour d’un feu qui crépite, sous les étoiles ou au bord des vagues, nous nous rappelons comment faire le tri entre réels besoins, valeurs, et futilités.
Le miroir de notre être profond
C’est comme si la nature nous renvoie ce miroir de nous-mêmes : « Regarde, contemple et écoute au fond de toi : quelle vie veux-tu pour toi ? Qui veux-tu vraiment être dans ce Monde ? » et qu'à ce moment-là nous sommes disposés à écouter la question. Parfois une réponse vient spontanément. Elle peut surprendre, désarçonner, générer immédiatement une résistance. Nous le sentons : le niveau de vérité de cette réponse est à la hauteur du frisson qu'elle a déclenché dans tout notre être.
Si la réponse ne vient pas immédiatement, notre mental et notre égo eux, sont apaisés, et notre cerveau va pouvoir être utilement mis au service de la cause.
Toute notre créativité est boostée par le mouvement, l’inspiration de la nature, l’oxygène, l’apaisement et la concentration. Elle est mise en branle pour sentir les micro-signaux que nous captons.
Entendre l'Appel du cœur
Pourtant notre Appel hurle comme un damné à l’intérieur depuis parfois des décennies. C'est comme si aller dans la nature revenait à creuser toujours un peu plus dans les décombres... pour enfin parvenir à entendre les voix de la victime enfermée depuis le séisme de la naissance (ou d’une blessure surgie immédiatement après). C'est le silence d'abord parce qu'il y a trop de décombres (les masques de l’égo). Puis à force de se déparer de ces masques, s’entendent progressivement des sons étouffés qui guident les sauveteurs pour orienter les recherches. Et soudain, ils enlèvent encore un bloc, et les cris deviennent déchirants. Il n’est plus possible de faire mine de ne plus entendre. Il faut alors aller jusqu’au bout.
Les arbres, nos alliés
Pour aider à mieux sentir ces microsignaux, les arbres sont nos meilleurs alliés. Ces géants debout agissent comme d’immenses capteurs entre le ciel et la terre. Ernst Zürcher, chercheur botanique suisse, les décrit comme des antennes qui relient les signaux du ciel (les ondes qui parviennent du cosmos) et les signaux de la terre (les ondes telluriques). Comme nous qui nous tenons debout, mais avec une plus grande amplitude [6]. Il se pourrait qu’ils nous en fassent bénéficier, et que nous captions inconsciemment ces signaux subtils à leur proximité, avec plus d’impédance.
Nous percevons alors mieux les messages que d’autres êtres (des astres, la Terre elle-même, l’Univers ?) ont à nous dire sur le Monde, et nous en déduisons sans-doute, là encore inconsciemment, comment en faire quelque-chose pour nous.
Parfois, l’Appel n’est pas encore possible à entendre. Ce sont des passages classiques que William Bridge décrit très bien dans son ouvrage de référence « Transitions de Vies ». C’est la zone neutre, pendant laquelle nous n’avons plus contact avec ce qui nous anime. Nous ne savons plus qu’une chose : ce dont nous ne voulons plus. La boussole est perdue. Mais des processus souterrains sont à l’œuvre au niveau inconscient et tôt ou tard, le cap revient. Et derrière lui, des éléments qui ont le goût de l’Appel intérieur.
Dans ces moments-là, l’invitation est à la patience, et à la confiance : le phare va réapparaître.
Conclusion
Une bonne suggestion serait de prendre un moment pour vous. Un moment dans la nature, seul.e ou guidé.e par un professionnel de l’accompagnement sur la mission de vie. Un moment pour faire le point sur qui vous êtes, ce que vous voulez être, vos dons, vos valeurs, vos peurs, et comment vous rapprocher de votre Appel intérieur - en vous aidant de votre relation unique avec l’écosystème et les êtres qui le composent.
1 Jean-Claude Catry, dans le documentaire « L’Autre Connexion »
2 D’après James Hillman, qui a théorisé sur la mission de vie dès les années 80.
3 D’après Roselyne Fayard, coach, radio-journaliste à RSR et fondatrice et formatrice dans l’école de coacing de Genève.
4 Wikipedia
5 Nuit de l’Entreprise Positive 2017
6 Ernst Zürcher : « Les arbres entre visible et invisible » - Actes Sud
Voir la page de Serge Mang-Joubert
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