L'acroyoga, c'est quoi ?
C'est une version dynamique et sportive des exercices de yoga. L'objectif : faire les postures de manière "acrobatique", en porté à deux ou plus.
Paradoxalement, c'est aussi une activité qui permet d'apprendre à se détendre. L'objectif est de communier avec le yoga : s'appliquer à faire les postures tout en étant bien détendu. C'est une pratique de méditation et de concentration pour ceux qui sont avancés dans la pratique. Mais pour atteindre cette capacité, cela demande du temps et de la pratique.
L'acroyoga est récent et s'adresse à des personnes avec un minimum de musculature, des initiés qui ont déjà pratiqué la gym ou le yoga. Dans les cours où je vais, ce sont plutôt des jeunes, entre 20 et 35 ans, et on est une douzaine. Les séances durent entre 1h30 et 2h.
Comment se passe une séance ?
On commence avec une demi-heure d'échauffement yoga au sol ou debout, seul, à deux ou en groupe.
Il y a beaucoup d'entraide. On travaille sur les équilibres et la confiance en l'autre. C'est physique, c'est une pratique de contact, on se touche, on se porte. Dans l'échauffement, on se prépare au contact physique. On se prépare à être attrapé par des gens ! Parfois on tombe l'un sur l'autre, aussi ! Il y a beaucoup de proximité physique, et cette proximité a besoin d'une forme préalable.
Les portés débutent par petits groupes de deux ou trois. Les binômes/trinômes changent tout le temps, on ne garde pas le même partenaire.
Une posture relativement simple est présentée par le prof et par ceux qui gèrent le mieux. Dans les trinômes, il y a : un flyer (en cirque on appelle ça un voltigeur), une base, et celui qui pare (il veille à la sécurité). L'idée c'est de tourner et d'expérimenter la posture dans les trois rôles. Ce n'est pas toujours possible, souvent la base ce sont des hommes.
C'est marrant, on s'amuse. Quand on est flyer, on tombe parfois, on expérimente la relation avec le baseur, avec l'équipe, avec soi, quelle posture nous plaît le plus, là où on est le plus à l'aise, nos limites et ce qu'on doit travailler.
La troisième phase de la séance, c'est celle du massage thaï, pour terminer. Les formes vont varier, mais la recherche sera toujours celle du lâcher-prise. La prof montre sans trop parler pour que la personne massée ne focalise pas et lâche prise. C'est un massage avec un contact rapproché et des manipulations. Chacun mesure sa capacité à s'abandonner et la qualité de contact dont il a besoin. Certains ont besoin qu'on y aille doucement, ils sont plus "timides", tandis que d'autres apprécient un massage plus tonique -le massage thaï, ce sont des étirements, des pressions, c'est très intense.
C'est un espace où on se découvre, on découvre ses compétences.
On travaille avec soi et avec les autres. Il y a une dimension sociale forte, on partage, on doit faire confiance à des personnes qu'on ne connaît pas ! On doit aussi prendre le temps pour la formation des nouveaux, on est vite dans un rapport pédagogique. C'est valorisant. Ce rapport formatif, moi je l'aime bien.
La communication est très importante : quand tu as des pieds dans le ventre, la tête à l'envers (!) c'est essentiel de communiquer sans stress, être clair.
Il y a un langage particulier, comme par exemple le "pike" = en l'air, il faut descendre les pieds, se laisser aller. Celui qui pare a besoin d'entendre comment la posture va évoluer ; ce sont des moments d'attention mutuelle, pas chacun de son côté.
Dans les enchaînements de postures, on cherche la grâce et la fluidité. Parfois on tourne sur nous mêmes (quand on fait la "washing machine"). Les postures ont des noms, par exemple "bird", le mode "avion" sans les mains.
Ce sport m'apporte de nombreux bienfaits.
Il apaise mon stress, m'apporte du plaisir, je récupère du bien-être. Je réalise les capacités de mes muscles, je développe mon dynamisme et je suis très fière de ce que j'accomplis.
Après comme j'envoie beaucoup en force, je dois apprendre à trouver l'équilibre entre cette force, un bon gainage musculaire et l'appui avec le baseur. Car il ne faut pas être tout mou, c'est difficile pour le baseur. Il est nécessaire de mobiliser les muscles pour être ferme et faciliter le travail de base et d'équilibre du baseur.
Dans l'acroyoga, je retrouve deux activités que j'ai aimé pratiquer auparavant : le yoga et le cirque.
Le yoga m'apportait une qualité de concentration, de respiration, de travail en moi... C'était un moment de recentrage, un moment pour moi. Je lâchais mon stress et je prenais le temps de m'écouter.
Le cirque, c'est tonique, au sein d'une troupe au fort esprit de camaraderie. J'aime cette dépense sportive que je retrouve dans l'acroyoga : le rythme est dynamique sans être pressé pour trouver l'équilibre acrobatique. Et j'aime cet esprit de troupe.
Par nécessité, le groupe d'acroyoga est à taille humaine. On se met en cercle, on forme un mandala, il y a toujours une connexion collective, on se voit. On n'a pas peur de se regarder, de se toucher. On n'a pas peur d'expérimenter, c'est l'esprit gym, opérationnel, avec un fort rapport au corps. Les tabous sur le corps, l'esthétique, les rapports femmes/hommes sautent ; parfois, on se retrouve avec les fesses de l'autre personne sur le visage ! On délire bien ensemble aussi, on rit, on ne se prend pas au sérieux, c'est l'esprit cirque ! C'est un espace de socialisation et de convivialité. On se retrouve d'ailleurs parfois tous au parc, à la plage, on "fait des boeufs" d'acroyoga !
Avec l'acroyoga, j'apprends cette écoute de moi en même temps que celle des autres. C'est précieux pour moi, et c'est une qualité essentielle dans mon métier.
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