Cartésiens, passez votre chemin ! Cet article n'est pas fait pour vous. Comment pourriez-vous croire, en effet que les couleurs ont un langage, qu'elles offrent un autre regard sur le monde, permettant aux pauvres humains que nous sommes de mieux le comprendre, qu'elles donnent aussi à ces derniers les clés de leur conscience jusqu'à établir un dialogue subtil avec les choses de la nature ?
Comment pourriez-vous admettre qu'en interrogeant les couleurs et selon les réponses qu'elles apporteront, pourra être décryptée la relation qui s'est instaurée entre le vigneron et sa vigne, pourra être analysée la qualité du vin, enfin percés ses secrets pour mieux découvrir son âme et celle du vigneron ?
Et comment pourriez-vous alors un seul instant imaginer que ce langage pour vous ô combien sibyllin, obscur et mystérieux, puisse agir sur les vertus même du vin? "C'est vrai que cela peut paraître un peu fou", admet William Berton, conseiller-couleurs de profession.
"Pourtant, je n'ai rien inventé. La médecine tibétaine, il y a plus de 6000 ans reliait les sept couleurs de l'arc-en-ciel à un mode comportemental précis. Par contre, j'ai été pionnier en répertoriant 45 couleurs au lieu des sept qu’avaient mis en valeur la médecine tibétaine, chacune d'entre elles correspondant à une attitude, un comportement particuliers. La couleur devient ainsi un outil d'analyse psychologique. J'ai découvert la signification de chaque couleur par la seule observation. Auparavant, j'étais ostéopathe et de façon intuitive, en regardant la couleur des vêtements portés par mes patients, j'ai pu faire le lien entre une couleur et une pathologie. Je me suis rendu compte qu'une couleur pouvait refléter les sentiments de chaque individu. La couleur devient ainsi un support symbolique, le langage du vécu, de la conscience, du comportement et des centres d'intérêt de la personne".
William Berton a créé un support constitué de 45 cartes de couleur que l'on peut interroger à son gré et qui lui permet de dispenser ses conseils dans le domaine viticole mais aussi dans tout autre secteur professionnel. "Aujourd'hui, j'assure des formations à destination des vignerons ou de tout autre personne intéressée à l'Ecole des vins et des Terroirs, en Bourgogne. J'ai d'ailleurs commencé à intervenir dans ce lieu pour en faire la décoration et j'ai suggéré la couleur indigo car c'est celle de la réflexion, de la conscience et du recentrage sur soi-même".
En sollicitant une ou plusieurs des 45 cartes de couleurs mises au point par William Berton, le vigneron va pouvoir s'interroger sur la nature de la relation qu'il entretient avec sa vigne et son vin. "Le vigneron pose une question, tire une carte de couleur et celle-ci lui apportera une réponse. Il va ainsi s'établir un dialogue permettant de comprendre ce que la vigne et le vin cherchent à exprimer, quels sont leurs besoins.
C'est un outil intuitif qui va confirmer des choses que le vigneron ressentait. En effet, les vignerons travaillant en étroite relation avec la nature et les éléments, notamment ceux qui sont en biodynamie, ont beaucoup d'intuition et sont prêts à dialoguer avec des choses subtiles. En jouant sur sa personnalité, les couleurs vont aider le vigneron à mieux se connaître. Elles vont permettre d'agir sur son âme et celle du vin qui n'est que le reflet de la première car pour obtenir un vin de grande qualité, il faut que le vigneron le soit également".
Ainsi le vert franc, symbole de partage, va signifier qu'il faut laisser parler son cœur. Au vigneron de voir dans son attitude ce qu'il doit changer.
Le bleu ciel devrait conduire ce dernier à garder pour lui certains secrets.
Le jaune citron recommande de laisser exprimer sa personnalité.
"J'ai également interrogé les couleurs pour connaître les conditions du millésime 2010, ce qui permet de savoir comment réagir. Le jaune tournesol indique qu'il faudra avoir une attitude très professionnelle et qu'il n'y aura pas de place pour les sentiments. L'année sur un plan climatique devrait être très capricieuse et le risque est grand qu'il ne faille avoir recours à des produits chimiques même pour les vignobles engagés en biodynamie. Si les spécialistes le disent, il faudra le faire. Mais 2010 pourrait être aussi une année exceptionnelle. Je conçois que le concept peut paraître curieux mais je fais cela depuis vingt ans et ça marche".
Même pour créer une étiquette. "Avec trois couleurs, on peut définir le contenu de la bouteille. On pourra savoir quel est ce vin, quel est son goût et qui va l'aimer. Pour un champagne, par exemple, sont sorties les couleurs orange, signe de fête, le vert, symbole du couple et l'or pour le prestige. Ce champagne est donc plutôt destiné à célébrer des fêtes familiales. Les couleurs permettent ainsi de percevoir l'ambiance qu'il faudrait suggérer au travers de l'étiquette".
Esprits cartésiens mais non-chagrins, si d'aventures vous n'avez pas suivi l'avertissement édicté en préambule, je n'espère pas vous avoir convaincu. Mais peut-être regarderez-vous ce monde bariolé avec un autre œil et vous interrogerez-vous sur la couleur du vêtement que vous portez ce jour et qui pourrait bien symboliser votre humeur du moment. Ne porteriez-vous pas du fushia pour oser la nouveauté ?
Claudine Galbrun Voir la page de William BERTON
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