Avant la naissance, c’est le placenta et le corps maternel qui jouent ce rôle de protection. Le corps du fœtus est enveloppé par la douceur de la pression du liquide amniotique chaud et porteur. Chaque millimètre de son corps est caressé en permanence dans cette sensation de sécurité béate qui permet un développement tranquille de son système nerveux.
Après la naissance, le bébé s’attend à retrouver cette sensation de contenant au travers d’un autre utérus, celui des bras accueillants et chauds apportant la caresse du peau à peau, le son d’une voix douce déjà connue, une odeur déjà vécue intérieurement par le liquide amniotique. L’absence de ces repères créé une émotion de sauvegarde, d’alerte, que l’on appelle angoisse. Cette peur qui n’a pas d’objet précis si ce n’est ce besoin de repères sécurisants permet d’alerter l’entourage de ce besoin vital du bébé juste-né.
La naissance elle-même est un moment d’une grande complexité physiologique et riche en émotions très intenses. Vécues simultanément par le bébé et la maman, ces émotions mêlent souffrance et plaisir, le plaisir permettant d’éviter un impact traumatique pour la maman mais surtout aussi pour le bébé dont le psychisme en fabrication est particulièrement vulnérable. Le bébé naissant est introduit ainsi à l’humanité au travers de l’expérience de sa maman qui met en jeu sa propre vie. La naissance est un lieu de l’entre-deux, où à chaque instant la mort flirte avec la vie. Le premier souffle, cri primordial, raconte cette histoire du choix d’une vie toujours en suspens.
Tous ces moments émotionnels sont engrammés en chacun. Ils font parti de ces nombreux souvenirs oubliés stockés dans notre inconscient. Certains, non digérés, non compris, continuent à hanter la vie d’adulte en conditionnant le caractère, le comportement, les expériences. Le cerveau des sensations et des émotions a besoin de trouver à s’exprimer au travers de mots qui donnent du sens, une signification dans notre cerveau symbolique et rationnel. Sans cette fluidité de fonctionnement, le sens des émotions stockées est perpétuellement questionné sous forme de ce que l’on peut appeler des « symptômes ».
Le but du rebirth est de remettre à jour ces émotions et de leur donner du sens pour permettre l’épanouissement de la personnalité. L’intérêt de la pratique en eau chaude est de rapprocher au maximum cette expérience du vécu intra-utérin pour favoriser la remontée de ces émotions archaïques. La pratique de groupe se fait en binôme où chacun alterne dans la position de bébé et de maman. Le pratiquant-bébé peut se laisser flotter à sa guise dans une eau chaude à température proche du corps maternel, accompagné par la bienveillance du pratiquant en position de maman. La pratique respiratoire permet de revivre la respiration maternelle d’accouchement et de raviver les émotions entourant la naissance.
Sans forcément aboutir sur des remontées de souvenirs préverbaux, le rebirth aquatique permet d’expérimenter une sensation unique d’abandon à l’autre, dans l’expérience de rebirtheur, et une sensation extrêmement profonde d’accueil et d’attention à l’autre, dans l’expérience d’accompagnant. Ces émotions particulières de la relation maman-bébé dans sa plus grande intimité… Sensations particulièrement nourrissantes et enrichissantes. Philippe MINIER Psychanalyste Montpellier
Propositions de lecture :
GONINET Hélène, L’enfantement, entre puissance, violence et jouissance, Mama éditions 2016
RANK Otto, Le traumatisme de la naissance, Payot (2002)
DUFOURMANTELLE Anne, La Sauvagerie maternelle, Calmann-Lévy, 2001, édition poche 2016
Laissez un commentaire