Introduction
L’origine de la tradition chamanique se perd dans la nuit des temps. A ce qu’on en sait, cet art de vivre qui est aussi le plus ancien des arts thérapeutiques existe depuis au moins 40 000 ans.
C’est une tradition universelle pour l’humanité puisqu’elle s’enracine dans les diverses régions du monde. Cependant les premiers observateurs occidentaux l’ont rencontré en Sibérie avant de l’observer partout ailleurs sur la planète, c’est pourquoi son étymologie est d’origine sibérienne : elle est ainsi nommée d’après le mot désignant la personne du « shaman » ou « saman » en evenki, une langue des peuples Toungouzes de Sibérie.
Une tradition ancestrale combattue mais toujours vitale
Cette tradition indigène a été très sévèrement combattue par les grands mouvements coloniaux. Et c’est en Europe qu’elle a été la première victime – doublement victime. D’abord victime de la violente répression sous le joug de la colonisation romaine puis sous le joug de l’inquisition religieuse, et ensuite victime de l’écrasante mutation du mouvement de la modernité. C’est pourquoi à de rares exceptions près, elle est disparue sur les territoires des sociétés occidentales. Cependant elle est toujours active aujourd’hui sur les autres continents.
Alors, le chamanisme, qu’est-ce que c’est ?
C’est un art de vivre et un art de soigner en contact avec l’ensemble du Vivant.
Le chamanisme est connu en tant que tradition thérapeutique archaïque : un savoir dont les connaissances thérapeutiques phénoménales s’enracinent dans la Préhistoire de l’humanité. Mais ce que l’on sait moins, c’est que c’est aussi et avant tout une conception du monde, une façon de le percevoir et de l’habiter : un véritable art de vivre.
Ce n’est pas une religion : le chamanisme ne promeut ni théorie ni dogme, il n’est pas basé sur la foi. Au contraire, il se base sur des expériences concrètes.
Phénomène complexe et multiple, ses manifestations prennent des configurations variées en fonction des contextes humains, géographiques et culturels. Cependant partout sur la planète, l’art du chamanisme indigène s’axe autour d’une unique personne, celle qui remplit la fonction de chamane : homme ou femme, le chaman (ou shaman) est une personne peu commune qui possède des facultés de perception que les autres n’ont pas ; une personne capable d’entendre, de voir et d’accéder à la connaissance cachée des mondes-autres, ce qui la rend capable d’intercéder entre les mondes.
Le monde chamanique…
La vision chamanique du monde inclue des dimensions invisibles : c’est le Monde-Autre - ou les Mondes-Autres aussi appelés monde d’en bas (monde minéral, végétal et animal) et d’en haut (monde des guides et des divinités), le monde du milieu étant le monde humain. Ils sont interdépendants sans hiérarchie aucune.
Les êtres humains sont eux-aussi dotés de dimensions invisibles : des corps subtils et énergétiques entourent nos corps biologiques, comme les enveloppes que constituent nos âmes. Ces corps énergétiques survivent à notre mort.
La mort est considérée au même niveau que la naissance : c’est un simple passage de l'autre côté du voile. Dans l’univers chamanique, la Vie est sans limite, plus vaste et mystérieuse.
… et le rôle du chaman
Dans cette Vie sans limite, le ou la chamane prête attention au vivant, à tout le Vivant sans exception - du plus petit élément au plus grand des phénomènes - avec lequel il-elle crée des liens.
Le ou la chamane voyage volontairement dans les dimensions pour interagir avec l’invisible et faire office de médiateur entre les mondes ; s’assurer de l’harmonie avec la nature environnante pour que la société se perpétue ; créer l’alliance entre les humains et les esprits pour le bien-être des individus et du groupe dont il-elle est responsable.
Quel est la fonction des chamans ?
Le mode de vie indigène est communautaire et la fonction traditionnelle des chamans est sociale.
Les personnes chamanes ne sont pas chefs de communauté bien qu’elles détiennent la connaissance et assument une certaine direction ; elles sont sages, prêtres, thérapeutes ou guérisseurs, hommes et femmes médecine (« medicine-men »,) sorciers, magiciens, médiums, devins et oracles ; elles veillent au bien-être de chacun-e et répondent quand on a besoin de leur aide ; elles procurent écoute et conseils, prières et appels de bénédictions, séance de divination, soin médical et cure thérapeutique.
Fortement empathiques et initiées aux profonds secrets de la Vie, leur rôle est de réparer et préserver l’équilibre au sein du groupe et avec leur environnement. Pour cela elles vont donner du sens aux évènements, les comprendre et résoudre les difficultés de tous ordres, de santé, relationnelles, écologiques ou économiques.
Elles sont responsables et garantes de l’alliance avec la nature, elles gèrent les échanges fructueux pour le renouvellement de la nourriture et du cycle de la vie de la communauté (comme des rites de chasse pour assurer la prise de gibier et l’abondance dans la gratitude et le respect des animaux et de l’équilibre écologique).
Comment devient-on chamane ?
Un ou une chamane est spontanément « élu-e » et désigné-e par les esprits ; ou alors la personne reçoit le don et la vocation par héritage de sa lignée familiale, ou bien encore après avoir guéri d’un accident ou d’une maladie grave. Mais elle peut aussi rechercher cette fonction dans un long cheminement volontaire et ardu.
La révélation ou l’initiation chamanique est un passage, une mort symbolique : c’est la mort dans le monde humain pour renaître dans le monde des esprits. Ensuite l’apprenti chamane reçoit un double enseignement : s’ensuivent alors de longues années de formation active en tant qu’apprenti initié des maître-chamanes et apprenti initié en esprit ; et ce sont toujours les esprits qui auront le dernier mot pour élire définitivement un chaman.
Comment travaille un chaman ?
Un ou une chamane n’est jamais seul-e car il ou elle travaille avec des esprits auxiliaires : des entités spirituelles des mondes d’en bas et d’en haut, des esprits élémentaux, minéraux, végétaux, animaux, des esprits de la nature, guides ou divins. Ce sont ses alliés, qui se présentent à lui ou elle pendant son parcours initiatique ainsi qu’en rêve.
Ces alliés vont l’accompagner et l’aider toute sa vie à communiquer dans le monde autre et à accomplir les tâches qui sont les siennes dans le monde humain.
Pour communiquer avec les esprits, la personne chamane fait l’expérience d’un état au-delà de la conscience ordinaire, un « état non ordinaire de conscience » : dans cet état de conscience élargie, elle voyage entre les mondes et c’est ce qu’on appelle le voyage chamanique : c’est une expansion de la conscience qui ouvre la porte vers le monde-autre.
Chamanisme sibérien et chamanisme mongol, chamanisme indonésien, chamanisme amérindien et chamanisme toltèque, chamanisme aborigène…, cette pratique est commune à tous les chamanismes dans les cultures traditionnelles du monde.
En Occident, nous nous attendons à certaines manifestations de transe et d’extase, c’est typique du chamanisme à nos yeux ; elles indiquent l’entrée dans les mondes autres ainsi que l’arrivée des esprits alliés. Et ce sont en effet des manifestations que toute personne chamane maîtrise.
Mais en réalité les configurations diffèrent selon les contextes et les pratiques chamaniques, et l’ouverture au monde invisible se manifeste bien souvent par des signaux plus discrets.
Qu’est-ce qui induit l’état modifié de conscience ?
Les perceptions s’ouvrent par différents canaux :
- Des récitations longues et mono-rythmées, des récits mythologiques et/ou des chants stéréotypés.
- Des danses ritualisées et des techniques du corps.
- Les vibrations engendrées par le son et la musique avec des instruments comme la guimbarde, le hochet, les clochettes, le gong et les bols chantants tibétains et surtout les percussions du tambour ou tambourin chamanique très connu en Occident, propre au chamanisme nord-amérindien, au chamanisme des régions arctiques en Sibérie et au chamanisme nord-asiatique surtout en Mongolie (la recherche scientifique valide l’effet physiologique des vibrations, voir encadré plus bas).
- La prise de substances enthéogènes (= utilisées dans une optique thérapeutique et mystique). Ce sont les « plantes enseignantes » aussi appelées « plantes maîtresses » ou « plantes de pouvoir », des substances psychotropes et champignons hallucinogènes que de nombreuses cultures traditionnelles emploient : les plus connues sont le tabac, la boisson amazonienne de l’ayahuasca, le peyotl ou mescal (cactus des déserts mexicain et nord-américains), les racines de la Tabernanthe Iboga en Afrique ou encore la Mandragore que l’on utilisait encore en Europe avant les persécutions de l’inquisition.
En Occident, nous nous intéressons beaucoup aux percussions du tambour chamanique ou à l’ingestion des plantes enseignantes. Nous connaissons moins le rôle des rites culturels mis en scène pour rendre visible l’échange avec les esprits.
Le rituel dans la guérison ou la résolution des conflits
Pour que l’expérience soit vécue collectivement et que tous les participants, patient comme auditoire soient engagés avec leur intelligence et leurs émotions dans le rituel, pour qu’ils puissent percevoir l’autre monde et comprendre les actions posées par le chaman, celui-ci met en œuvre les codes culturels et le langage symbolique partagés par la communauté. Il est dépositaire d’une profonde connaissance de sa culture et de sa psychologie, il puise dans l’histoire collective et mime les mythes. C’est ce que l’on appelle en Occident le « folklore » : tout est mis en œuvre pour établir un lien de compréhension avec le public et montrer comment les conflits sont résolus.
Et le moindre détail participe à la cérémonie : costume, masque, objets chamaniques (parfois familièrement appelés « gris-gris »), gestuelle, musique et chants... Tout est là pour servir de réceptacle aux entités spirituelles. Les objets chamaniques que sont les instruments de musique, costume, masque… sont perpétuellement co-construits avec les esprits et chargés du parcours initiatique du chamane, de la mémoire de son vécu, de toutes ses expériences, et de ses intentions thérapeutiques.
Le rôle de l’objet est central, il sert de médiation, il est respecté car animé par l’esprit : il est vivant.
C’est quoi le néo-chamanisme ?
C’est une approche contemporaine du chamanisme traditionnel. On l’appelle aussi chamanisme occidental. Voici le contexte historique en Occident.
Depuis l’éradication du chamanisme européen, le point de vue occidental dominant est passé d’un chamanisme suspect voire dangereux et combattu par les religions missionnaires, à un objet d’étude folklorique pour les scientifiques, et enfin à un chamanisme idéalisé par un nombre croissant de personnes souhaitant retrouver leurs racines dans une vie plus spirituelle, respectueuse du Vivant, proche de la nature et de ses fruits.
Face à la perte de sens et aux dérives matérialistes, scientifiques et consuméristes, face aux pollution industrielles, alimentaires et médicamenteuses, face à la perte de confiance en l’ordre politique, religieux et socio-économique, les occidentaux se tournent de plus en plus vers les chamans pour apprendre d’eux à s’ouvrir à d’autres dimensions de la vie.
La demande est grande. Et bien que les persécutions colonialistes se soient acharnées pendant des siècles sur les pratiques chamaniques perçues comme primitives dans son sens péjoratif, voire diaboliques et les chamans comme des êtres sauvages et incultes, aujourd’hui les chamans du monde entier s’ouvrent pour partager leur connaissance dans le but sincère d’aider l’humanité et la planète - parfois aussi dans un but mercantile avoué pour le bien d’une communauté, ce qui n’ôte en rien la valeur de la connaissance et du savoir-faire d’un chaman authentique.
Ainsi nous avons d’un côté le Cercle de sagesse des traditions ancestrales qui organise un Festival du Chamanisme dans le terreau même des chamanes indigènes, et de l’autre un Occident qui s’approprie la connaissance en essayant de récupérer ses propres racines celtes, gauloises, scandinaves… Celles dont il a été dépouillé par les mouvements successifs des colonisations greco-romaine et de l’inquisition religieuse judéo-chrétienne -sauf pour de rares ethnies rescapées comme les indiens Samis du nord de l’Europe.
C’est dans les années 1970 que les récits de Carlos Castaneda ont provoqués la première ouverture, et que Michael Harner a crée la Foundation for Shamanic © Studies en annonçant un « core shamanism » : l’essence pure du chamanisme différencié des pratiques autochtones.
En effet nous ne pouvons pas imiter le chamanisme traditionnel sans le caricaturer puisque notre relation au monde et notre mode de vie sont très différents. Il existe donc aujourd’hui un chamanisme occidental contemporain qui incorporerait le chamanisme ancestral dans un chamanisme universel. En cela, le néo chamanisme se veut une synthèse multiculturelle adaptée à notre temps.
Quels sont ses outils ?
La pratique néo chamanique est intériorisée. Elle est dépouillée du folklore nécessaire dans les communautés traditionnelles.
Elle propose une méthodologie basée sur un éventail d’outils thérapeutiques pour expérimenter une perception différente au-delà de notre perception habituelle avec nos cinq sens.
C’est un processus d’apprentissage à travers une succession d’expériences sur les différents plans de l’être, et c’est une construction personnelle où chacun-e élabore sa propre cosmologie intérieure connectée au monde et à plus grand que soi.
La conscience voyage à la rencontre de l’invisible dans les mondes ou espaces-temps parallèles. Elle entre en contact avec les êtres qui y vivent, esprits, énergies, guides spirituels, archétypes ou entités de la nature et de la terre-Mère, toutes porteuses de savoir et d’enseignement.
Elle s’ouvre à des captations issues des autres plans de réalité, dimensions énergétiques ou champs énergétiques, qui permettent de percevoir des visions d’autres mondes, de vivre sur le plan psychique et somatique des rencontres avec les énergies des mondes autres et partager des discussions télépathiques, d’expérimenter des sensations de déplacements et des changement de formes, des fusion avec les éléments et les esprits de la nature ou les animaux (voler, ramper, glisser, devenir eau, air, ours, aigle, tortue, loup…).
Là encore, les états modifiés de conscience sont la clé pour accéder aux différents niveaux de conscience et entrer dans les autres dimensions énergétiques pour se constituer un capital d’expériences chamaniques.
A la différence du chamanisme traditionnel, cette fois tous les participants prennent part au voyage chamanique initié par l’animateur du stage.
Quelles sont les techniques utilisées pour induire des états chamaniques ?
- des méthodes psychocorporelles, techniques du corps et de relaxation,
- des mises en situation et des visualisations en imagination passive ou active, des visualisations guidées et de l’induction hypnotique,
- le voyage au tambour,
- la rencontre avec les animaux totems ou animaux de pouvoir,
- des rituels,
- l’immersion en nature et le contact avec les arbres, les plantes, les animaux,
- L’utilisation encadrée et supervisée des plantes enthéogènes,
- la méditation, la respiration
- la musique, la danse et le chant,
- les expériences de déprivation sensorielle comme le jeûne ou rester dans l’obscurité et le silence.
A quoi ça sert ?
Ces expériences chamaniques sont vécues comme réelles. Elles s’ancrent dans le corps avec leur potentiel de bienfaits. Elles permettent aux patients, stagiaires et initiés d’ouvrir un espace de bien-être en eux-mêmes dans lequel ils vont préciser leurs besoins, les remplir ou trouver des réponses à leurs questions. Par exemple :
En soi :
- Identifier et soigner son mal-être.
- Trouver des ressources intérieures.
- Récupérer de l’énergie et de la force.
- Apprendre à se détendre et réduire le stress chronique.
Pour sa vie :
- Apprendre à mieux se connaître.
- Comprendre comment mieux gérer sa vie.
- Apprendre à se déconditionner et se rééduquer.
Dans le monde :
- Apprendre à mieux entrer en relation.
- Donner du sens à sa vie ou au monde en général.
- Prendre place dans le monde et développer un rapport harmonieux à son environnement.
Un futur contemporain aux valeurs chamaniques
Parce qu’ils ont constaté que le cadre et les outils psychologiques ne suffisent pas, un nombre croissant de thérapeutes développent aujourd’hui une démarche holistique que l’on pourrait appeler « psycho-chamanique », dans laquelle techniques psychothérapeutiques et pratique chamanique se complètent harmonieusement.
Ce n’est pas du chamanisme. Cependant cette démarche permet d’inclure toutes les dimensions de l’être selon des modalités expérimentées auprès des chamans indigènes : parce que les personnes en souffrance sont prises en compte dans leur totalité corps, âme et esprit, elles commencent à véritablement se transformer et entament un processus de guérison complet en profondeur.
A un niveau plus large, on voit l’influence des valeurs véhiculées par le chamanisme avec un art nouveau dit « visionnaire » -parce qu’issu des visions des autres plans de conscience. On la voit aussi dans le mouvement planétaire pacifique et écologiste qui s’incline devant la Terre-Mère et prône l’attention et le respect dus à la nature et aux animaux dans un retour à une éthique d’Unité et d’Amour Universel. Face à l’avancée dans le 3éme millénaire de l’implacable civilisation technocrate, matérialiste, consumériste et destructrice du Vivant, les valeurs chamaniques portent l’espoir de remettre le soin du Vivant au centre de nos vies.
Compléments
Contre-indications
Un soin chamanique ne remplace ni un traitement médical ni une thérapie.
Il est déconseillé aux personnes souffrant de troubles psychiatriques ou de fragilité du soi.
Précautions
Pour s’assurer de sa propre sécurité, il est important d’être vigilant par rapport au cadre proposé et de s’assurer de l’intégrité de la pratique chamanique en étant enseigné et accompagné progressivement par une personne compétente particulièrement en ce qui concerne les voyages chamaniques – attention aux abus notamment à l’étranger dans l’accompagnement à la prise de substances psychotropes.
Avant d’accorder sa confiance, il est important de discerner si notre guide - chaman véritable ou enseignant, thérapeute, animateur de stage - fait preuve d’intégrité et de sagesse, ou s’il est uniquement conduit par des enjeux liés à l’argent et au pouvoir.
Comment repérer un chaman authentique d'un manipulateur ?
Un véritable chaman ne se proclamera pas comme tel, car il sait qu’il est en apprentissage permanent et qu’il ne détient pas la connaissance et le pouvoir dont il fait preuve ; ses alliés en esprit peuvent à tout moment le lui retirer.
Documentations
Etudes scientifiques
Sources 1 et 2
Dans Laetitia Merli, Le voyage chamanique au tambour, in Multitudes n°77, Association Multitudes, 2019.
1- Andrew Neher, «A Physiological explanation of unusual behavior in ceremonies involving drums », Human Biology, Vol. 34, No. 2 (May 1962), pp. 151-160, Published By: Wayne State University Press.
2- Pierre Flor-Henry, Yakov Shapiro & Corine Sombrun, « Brain changes during a shamanic trance : Altered modes of consciousness, hemispheric laterality, and systemic psychobiology », Cogent Psychology, 4 :1, 2017.
Source 1 – Recherches d’Andrew Neher
En 1962, des recherches scientifiques ont montré que les vibrations sonores ont une réalité concrète et tangible avec un effet physiologique profond sur la personne, procurant de nombreux bienfaits curatifs. Les vibrations des percussions (tambour, guimbarde ou hochet) ainsi que d’autres techniques du corps activent des grandes zones d’unités sensorielles dans le cerveau et cela permet d’accéder à un vrai lâcher-prise, vers un état de conscience modifiée.
Le rythme seul est inactif. Ce sont les vibrations du son qui agissent, grâce aux multiples fréquences qui les composent : un battement de tambour comporte plusieurs fréquences, et plusieurs battements répétés en rythme « enveloppent », touchent et traversent la personne qui baigne dans ces fréquences ; et les fréquences multiples vont agir à plusieurs niveaux.
Cela a aussi été montré avec les vibrations lumineuses : une stimulation sensorielle lumineuse de la rétine avec des lampes flash en rythme apporte les mêmes effets.
Il apparaît également qu’une réceptivité particulière à ces stimuli soit inscrite dans les gènes puisque certaines familles y sont plus sensibles, mais ces études montrent aussi que nous avons tous le potentiel de lâcher-prise et d’entrer en transe quelque soit notre culture et ce, malgré le fait que ces facultés aient été encouragées dans les sociétés traditionnelles et largement refrénées dans nos sociétés occidentales et judéo-chrétiennes : nous pouvons tous bénéficier des bienfaits thérapeutiques associés aux états modifiés de conscience.
Source 2 – Etudes avec Corinne Sombrun
Les études scientifiques de Pierre Flor-Henry, Yakov Shapiro et Corine Sombrun ont montré que la transe a des effets corporels réels que l’on peut observer aux niveaux physiologique et cérébral.
La chamane française Corine Sombrun a été initiée pendant de longues années au chamanisme traditionnel par une chamane mongole en Mongolie. Elle a accepté de se soumettre à des expériences scientifiques avec l’équipe du professeur Flor-Henry, et pour cela elle a dû continuer son apprentissage et s’entrainer à dépasser son « entraînement » traditionnel de pratique de transe au tambour afin d’être capable de maîtriser la transe sans l’aide du tambour ni du folklore. Quand elle a été capable d’entrer en transe de façon autonome, elle a pu se soumettre aux appareils de mesure.
En étudiant le cerveau de Corine en état de veille normale, puis en état de transe, puis à nouveau en état de veille normal, les appareils de mesure ont noté le tracé d’un encéphalogramme normal sans pathologie passant à celui d’un état pathologique conjuguant troubles bipolaires, schizophrénie et dépression profonde, puis à nouveau à un état normal.
Ainsi en observant les zones du cerveau activées, les chercheurs ont constaté que la transe stimule intensément les zones sensorielles perceptives (les cinq sens et l’intelligence perceptive).
Depuis d’autres études ont montré que l’entraînement régulier à la méditation s’observe objectivement dans le cerveau et que notre cerveau dispose d’une certaine élasticité : il se modifie selon nos habitudes.
Bibliographie et webographie
• cairn.info : Laetitia Merli, « Le voyage chamanique au tambour. Des traditions mongoles aux thérapies du troisième millénaire. », in Multitudes 2019/4 (n°77), Association Multitudes, 2019
• Michel Perrin, « Le chamanisme », PUF, 2017
• « Chamanisme », in Encyclopaedia Universalis,